L’emploi, l’assainissement et les infrastructures de base dominent les doléances des électeurs de Kaffrine interrogés par l’APS au sujets de leurs attentes relativement aux programmes et propositions des candidats à la mairie de la ville chef-lieu de la région du même nom. Les Kaffrinois interrogés sont partagés entre l’espoir d’une vie meilleure et la déception envers les élus de la ville, à une dizaine de jours des élections municipales et départementales prévues le 23 janvier. Cheikh Tidiane Gaye (Yewwi Askan Wi), le ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Saydou Sow (Benno Bokk Yaakaar), et Thierno Seydou Badiane (Union citoyenne Bunt-Bi) dirigent les listes des candidats à l’élection du conseil municipal de Kaffrine. Les cortèges de voitures à l’effigie des candidats parcourent la ville depuis le début de la campagne électorale. Certains Kaffrinois prennent part aux meetings des candidats, pour lesquels ils s’impatientent de voter. Mais d’autres ont la tête à autre chose et ne s’approchent même pas des rassemblements des partis et coalitions en lice. La modernisation de la voierie urbaine et l’assainissement de la ville font partie, avec l’emploi, des principales doléances des habitants de Kaffrine interrogés. Ils déplorent l’inexistence de routes bitumées entre certains quartiers de la capitale régionale. « Rien n’a changé ici depuis Thierno Birahim Ndao (le maire de la ville pendant quinze ans, à partir des années 1990). Le pire, c’est que l’on n’a même pas de bonnes routes », se désole Demba Guèye, un commerçant kaffrinois. M. Guèye déplore que les minibus assurant le transport des passagers dans plusieurs villes du pays restent encore inexistants à Kaffrine. Le commerçant déplore, par ailleurs, l’insuffisance de terres à usage d’habitation dans son quartier. « Toutes les terres que vous voyez appartiennent à la commune de Kahi. Il est impossible d’avoir un terrain pour la construction d’une maison », s’inquiète Demba Guèye. Abdoulaye Minth est surtout préoccupé par le déficit d’assainissement de la ville de Kaffrine. « Je travaille au marché de la ville. Lorsqu’il pleut, nous n’avons que nos yeux pour pleurer. Nous vivons un vrai calvaire en période hivernale », se désole-t-il. « Nous n’avons rien. Depuis treize ans, rien n’a changé. Je n’ai plus d’espoir, les candidats se suivent et se ressemblent. Il y a beaucoup de promesses, mais aucune réalisation », se plaint le jeune homme. Il gagne sa vie en transportant des passagers à l’aide d’une moto « Jakarta », comme de nombreux jeunes de la ville. Babacar Ndao, lui, estime que le chômage devrait être la priorité numéro 1 du futur maire de Kaffrine, une ville que dirige depuis douze ans le député Abdoulaye Wilane (Parti socialiste), aujourd’hui leader de la liste de Benno Bokk Yaakaar (BBY) pour l’élection du conseil départemental de Kaffrine. « Il y a un candidat pour lequel je voterai, car j’ai foi en son programme pour les jeunes. Je crois à son programme aussi, s’agissant de l’aménagement d’espaces verts dans notre ville », affirme M. Ndao. « La ville de Kaffrine a surtout besoin d’usines. Elle doit être industrialisée », complète Baba Wilane, assis à ses côtés. La réduction du chômage passera inévitablement par l’industrialisation de la région de Kaffrine, selon M. Wilane.
Une technicienne de surface interrogée estime que le futur maire doit se pencher sur l’entrepreneuriat des femmes. « Tout ce qu’on souhaite, nous, c’est de trouver des financements nous permettant de financer nos projets », affirme Mame Diarra Wilane. Une autre femme sollicitée pour son avis estime que l’eau et l’électricité, aussi vitales qu’elles sont introuvables dans certains quartiers. « J’habite le quartier Diamaguène-Centre, où il n’y a jamais eu d’eau courante ni d’électricité », s’indigne Diakhé Dia, s’empressant de dire qu’elle ne fait confiance à aucun des candidats pour la résolution de ces doléances.