A Dakar, les moto-taxis déambulent de partout dans la ville, si bien qu’ils font aujourd’hui partie intégrante du paysage automobile de la capitale sénégalaise. Toutefois, leur présence gène certains Sénégalais au point de pousser le gouverneur de la région à les faire interdire.
Une décision qu’a du mal à accepter Cherif Assane, jeune entrepreneur : « Mes motos ne sont pas conduites par des Burkinabé ou des Maliens mais par des Sénégalais. C’est pareil pour mes collègues. Donc, si on me demande d’arrêter le transport, je ne serai pas le seul impacté. Des milliers d’autres pères de famille le seront également. Et ça risque de créer des problèmes pires que ceux qui sont avancés « . La mesure est en partie motivée par les cas d’agression et de vols à l’arrachée. Mais pour Ibrahima Ndongo, expert en transports, le principal problème réside dans les textes : « Les contraintes font évoluer les textes. Aujourd’hui, les Jakarta sont inscrits dans les textes, il faut les organiser de sorte qu’ils puissent faire leur travail correctement et leur permettre aussi d’évoluer et pourquoi d’étendre leurs activités ». Après s’être heurté aux textes, Maguette Gueye, directeur d’une entreprise de livraison à domicile a trouvé une alternative, celle de diversifier son activité : « Ce qu’on demande aujourd’hui à l’État, c’est de trouver une table de discussion afin d’échanger. Si ce type de transport n’est pas autorisé, il y a d’autres moyens, que ce soit dans la livraison ou des partenariats qu’on va créer ensemble pour que ces jeunes puissent travailler et s’y retrouver « . Le communiqué du gouverneur de Dakar interdisant l’utilisation des moto-taxis comme moyen de transport en commun dans la capitale n’est, en réalité, que le rappel d’un arrêté ministériel datant de 2012. Mais les acteurs et certains experts doutent de la pertinence de cette mesure dans le contexte actuel, marqué par les embouteillages infernaux, le chômage endémique des jeunes mais également le manque de perspectives de ces derniers.