La cheffe du service de néphrologie du centre hospitalier régional de Fatick a affirmé, jeudi, que 90% des patients souffrant d’insuffisance rénale admis dans cette structure avaient déjà eu recours à la pharmacopée pour se soigner. ’’90% de nos patients atteints d’insuffisance rénale pris en charge médicalement au centre ont, une ou deux fois, eu recours à la pharmacopée’’, a déclaré le docteur Aminata Ndiaye. ’’Beaucoup de nos sujets malades admis au centre de dialyse avaient recours à des traitements traditionnels à base de décoction de plantes’’, a-t-elle ajouté lors d’un entretien avec l’APS à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du rein. Selon elle, ’’ce traitement à base de pharmacopée favorise ou aggrave, par ignorance, l’insuffisance rénale chez plusieurs sujets à risque’’. Elle a appelé les populations à ’’éviter ces décoctions, à se dépister tôt dans les centres spécialisés pour connaitre leur état de santé et les facteurs de risque liés à l’insuffisance rénale’’. Parmi ces facteurs, elle a principalement cité ’’l’hypertension artérielle, le diabète ou d’autres prédispositions héréditaires propre à chaque personne’’. A en croire, docteur Aminata Ndiaye, il y a actuellement une cohorte de 27 patients malades des reins sous dialyse deux à trois fois par semaine au niveau du service de régional de néphrologie. Cette situation, selon elle, est à l’origine de ’’beaucoup de charge de travail du fait de l’insuffisance du personnel’’. Le personnel est composé d’un médecin néphrologue, de quatre infirmières, d’une technicienne supérieure de dialyse et d’un médecin généraliste. Docteur Ndiaye a appelé les autorités compétentes à ’’renforcer le personnel local, les équipements du centre et à soutenir l’Association régionale des hémodialysés’’. Elle a plaidé pour plus de moyens pour le centre de dialyse de Fatick, afin d’organiser des séances de dépistage de masse permettant de connaitre la prévalence de cette maladie dans la région. La cheffe du service de néphrologie a signalé que les 27 patients pris en charge se situent dans la tranche d’âge 19 et 66 ans avec une moyenne d’âge de 40 ans. ’’La plupart de ces patients sont originaires de Fatick, de Mbour, de Touba, de Thiès et parfois de Dakar et sa banlieue’’, a-t-elle encore souligné. Mis en service en 2019, le centre est doté de 16 postes de dialyse dont 14 fonctionnels. Mme Ndiaye a remercié l’Etat du Sénégal pour ’’tous les efforts consentis’’ ces dernières années notamment la gratuité des séances de dialyse et ses consommables dans le public. La néphrologue a appelé les populations à respecter les dispositions utiles pour prévenir les maladies rénales dont l’insuffisance rénale chronique. ’’Il faut éviter de consommer trop de sel, trop de sucre, vérifier régulièrement sa tension artérielle’’, a t-elle dit, conseillant aux femmes enceintes et aux personnes à risque de se faire dépister. ’’Le traitement de l’insuffisance rénale au Sénégal, a-t-elle souligné, prend du temps et est couteux malgré les efforts de l’Etat’’. Donc pour elle, ’’la meilleure manière de prévenir cette maladie est de consommer des fruits saisonniers, beaucoup de légumes ou encore d’éviter la sédentarité en pratiquant du sport’’. Des séances gratuites de dépistage contre les facteurs de risques liés à l’insuffisance rénale seront organisées vendredi et samedi à l’hôpital régional de Fatick, en présence du premier néphrologue sénégalais le Professeur Boucar Diouf.