Guinée : l’ancien ministre Louncény Camara meurt en détention

Ancien ministre de l’Urbanisme puis du Tourisme, ancien député, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Louncény Camara a subi un accident vasculaire cérébral le vendredi 19 août, alors qu’il était en détention à la prison de Conakry, et est décédé samedi soir à l’hôpital, a annoncé son frère Ibrahima Camara.

Louncény Camara, 62 ans, faisait partie des nombreux anciens ministres et hautes personnalités en poste sous Alpha Condé à avoir été mis en cause pour malversations financières présumées et à avoir été écroués sous le régime des militaires qui ont renversé l’ancien président en septembre 2021.

Demandes d’évacuation restées sans suite

Les appels pressants de sa famille auprès de la cour spéciale pour les infractions financières, instituée par la junte, pour qu’il soit évacué vers l’étranger étaient restés sans suite. « La famille a tout fait pour qu’on nous autorise à l’évacuer vers des centres spécialisés à l’étranger, malheureusement on n’a pas trouvé une oreille attentive », a dit Ibrahima Camara.

Louncény Camara avait déjà été admis aux urgences début mai, quelques jours après son incarcération. Il avait été inculpé et écroué le 28 avril pour des faits présumés de « détournement de deniers publics », « enrichissement illicite », « blanchiment de capitaux », et « corruption ». Il était un membre éminent du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti d’Alpha Condé, qui a présidé le pays de fin 2010 jusqu’à sa chute en 2021.

Critiques d’Amnesty International

Amnesty International, très critique de la situation des droits humains en Guinée, parlait en février 2021 des prisons guinéennes comme étant « de notoriété publique des mouroirs où les règles du droit international pour le traitement des détenus ne sont pas appliquées ». Amnesty dénonçait à l’époque la mort de quatre détenus en deux mois après une vague d’arrestations sous la présidence d’Alpha Condé.

Le colonel Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 et s’est depuis fait investir président, a proclamé la lutte contre la corruption, réputée endémique, comme l’une de ses priorités. Nombre de personnalités de l’ancien régime, mais aussi de l’ancienne opposition, sont inquiétées. Différentes voix s’élèvent pour dénoncer une instrumentalisation de la justice et un exercice autoritaire du pouvoir.

Jeune Afrique avec AFP

Vous pourriez aussi aimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *