Après Bah Oury et l’ancien Premier ministre François Loucény Fall, c’était au tour de Ben Youssouf Keita, alors haut responsable de l’UFDG, principale formation du pays, de témoigner, le mardi 11 avril, au procès du massacre du stade du 28-Septembre.
Pour l’ancien bras droit de Cellou Dalein Diallo, actuel leader de l’Alliance pour le changement et le progrès, témoigner à cette barre est un devoir, en mémoire des victimes. « La raison qui m’a poussé à témoigner est un devoir de mémoire, une dette morale que je dois à mes compagnons qui sont tombés le 28 septembre 2009, a déclaré Ben Youssouf Keita. Pour nous qui avons eu la vie sauve, nous devons témoigner pour ceux qui sont morts pour la démocratie pour laquelle nous nous bâtions tous. »
Ce jour-là, dans le stade du même nom, des dizaines de militants de l’opposition au régime militaire d’alors dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara, avaient été sauvagement massacrés par des soldats de l’armée régulière.
Cet ancien haut responsable de l’UFDG est entendu en tant que témoin et victime du massacre. Pour lui, il faut que le tribunal aide à retrouver les donneurs d’ordre. « Qu’on sache quels sont les commanditaires en réalité, pas les menus fretins qui ont exécuté et qu’ils prennent leur responsabilité afin que justice soit rendue et que la Guinée se réconcilie avec elle-même », souligne-t-il.
Son épouse battue jusqu’au sang
Devant la cour, Ben Youssouf Keita affirme que, ce jour-là, des militaires, les hommes du colonel Moussa Thiégboro Camara, ont frappé jusqu’au sang son épouse. Et que ce haut gradé a refusé de lui porter secours.
L’avocat du colonel Camara, Me Abdoulaye Keita, se dit serein. « Nous allons demander la comparution de sa femme pour venir reprendre tout ce que son mari a dit dans ce PV, a-t-il indiqué. D’ailleurs, cela ne nuit pas à notre client, le colonel Tiégboro est serein, ses avocats sont sereins, nous n’avons aucun problème. Il va sortir dans ce procès-là victorieux. »
Ben Youssouf Keita, témoin clé de ces violences et médecin de profession, affirme avoir soigné après le massacre une dizaine de femmes victimes de viol.