Élection présidentielle américaine : Joe Biden joue à quitte ou double face à Donald Trump pour leur premier débat télé

On prend les mêmes et on recommence. Près de quatre ans après leur dernière confrontation, les deux candidats à la présidentielle américaine Joe Biden et Donald Trump se retrouveront ce jeudi 27 juin sur le plateau de CNN pour le premier débat de l’élection présidentielle 2024, à cinq mois du scrutin. Une rencontre de 90 minutes à quitte ou double, en particulier pour le président dont l’état de santé est au centre des préoccupations.

À 81 ans, Joe Biden est le plus vieux président américain en exercice. Ses absences sont régulièrement pointées du doigt par ses détracteurs, mais font aussi parfois l’objet d’une campagne de désinformation, à coups de vidéos manipulées et largement partagées sur les réseaux sociaux. En l’absence d’héritier suffisamment installé sur la scène nationale – la vice-présidente Kamala Harris n’a pas réussi à s’imposer dans l’opinion –, le démocrate dont la candidature n’enthousiasme pas les foules est néanmoins vu comme le seul capable de battre Donald Trump le 5 novembre.

Bien qu’il n’ait que trois ans de moins, le milliardaire est le premier à se moquer de l’âge du démocrate. Au débat de ce jeudi, entre deux attaques sur son bilan économique et sa politique migratoire, il va assurément remettre en cause la capacité de celui qu’il surnomme « Sleepy Joe » (« Joe l’endormi ») à gouverner, et le dépeindre comme un homme sénile qui n’a rien à faire dans le bureau ovale.

Trump, Biden, et la drogue

C’est là que tout se joue pour le président démocrate. Alors que l’Amérique n’a jamais été aussi divisée et que les sondages mettent les deux candidats au coude-à-coude – avec même un léger avantage pour Donald Trump dans les États clés, qui seront décisifs le 5 novembre prochain (« swing states ») –, Joe Biden va devoir prouver qu’il est en pleine possession de ses moyens. Une faible prestation risquerait d’impacter durablement sa campagne et le mettre en très délicate position pour les prochains mois. Jusqu’à remettre en cause sa candidature au sein même de son parti, et donc son potentiel second mandat.

Mais le démocrate pourrait aussi surprendre, comme ce fut le cas lors du discours sur l’état de l’Union prononcé en mars dernier devant les élus du Congrès. Lors de ce rendez-vous annuel et incontournable de la politique américaine, Joe Biden avait montré toute sa vigueur avec son discours fougueux opposant Donald Trump et la démocratie.

Pour délivrer une aussi bonne performance intellectuelle et physique sur CNN, Joe Biden s’est préparé pendant plusieurs jours à la résidence de Camp David et a débattu en répétition avec un faux Trump. L’équipe du (vrai) candidat républicain s’est quant à elle vantée de ne pas avoir besoin de préparer son champion.

« En ce moment, Joe le corrompu est dans une cabine pour “étudier” », s’est aussi moqué Donald Trump au cours d’un meeting le week-end dernier. « Mais il est en train de dormir, parce qu’ils le veulent bon et fort. Et un peu avant le débat, il va être piqué dans les fesses », a-t-il taclé, en référence à sa nouvelle attaque favorite qui consiste à faire de Joe Biden un consommateur de cocaïne pour se stimuler.

Un deuxième débat le 10 septembre

Ce discours montre que le milliardaire n’est pas serein. Comme l’analysait le New York Times récemment, l’introduction de la drogue dans sa rhétorique prouve que sa vision ultra-caricaturale du président pourrait se retourner contre lui si Joe Biden remportait le débat. Le Washington Post soulignait pour sa part le changement de discours de Donald Trump. Prompt à dénigrer les performances du démocrate lors de précédents débats ou discours depuis des mois, il a changé de braquet ces dernières semaines, estimant que Joe Biden était finalement un « bon débatteur » et qu’il ne voulait « pas le sous-estimer ».

Il faut dire que pour Donald Trump aussi, cette rencontre est importante. C’est le premier débat auquel il participe dans cette campagne après avoir refusé d’affronter ses concurrents aux primaires républicaines. Joe Biden devrait insister sur le bilan mitigé de Donald Trump, sur son implication dans l’interdiction de l’IVG dans certains États, et va rappeler aux électeurs la dangerosité du personnage, quatre ans après sa défaite qu’il n’a toujours pas acceptée. Mais l’actuel président veut aussi « le laisser dire ce qu’il pense » et le « pousser dans une direction telle qu’il parlera, par exemple, de suspendre la Constitution ». C’est d’ailleurs ce que craignent des proches de l’ex-président, Donald Trump étant habitué aux envolées lyriques peu cohérentes face à l’adversité.

C’est la première fois qu’un débat présidentiel américain est organisé aussi tôt dans la campagne, et à dessein. Joe Biden, qui a le plus à perdre mais aussi à gagner, veut montrer qu’il est bien présent malgré les critiques qui émanent des républicains et de son propre camp. Il a à cœur de montrer qu’il est capable de déstabiliser Donald Trump et qu’il est le légitime candidat du parti démocrate. En cas d’échec, il aura une seconde chance de convaincre lors du prochain débat prévu le 10 septembre. À moins qu’il ne soit trop tard.

Huffington

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