Législatives en France: après le score surprise du Nouveau Front populaire, les tractations…

Le Nouveau Front populaire (NFP) est arrivé en tête des législatives anticipées. Le résultat d’un véritable front républicain qui s’est mis en place à travers le pays pour empêcher le Rassemblement national d’arriver au pouvoir. Une énorme surprise, en premier lieu pour l’alliance de la gauche et des écologistes. Mais le plus dur commence pour le NFP.

17h30 à la Rotonde, dans le nord-est de Paris. Les visages sont fermés, à la soirée électorale organisée par La France Insoumise (LFI), même si LFI veut continuer à croire à sa bonne étoile. À raison, car quand les premières estimations commencent à tomber, c’est la stupeur.

Le député du Val-d’Oise Paul Vannier est en discussion avec un groupe de journalistes quand les chiffres s’affichent : il a du mal à y croire. Puis il esquisse un sourire avant de se précipiter à l’étage du bâtiment où la direction du mouvement est réunie. Là, Jean-Luc Mélenchon réécrit le discours qu’il avait rédigé dans l’éventualité d’une victoire du Rassemblement national (RN). En parallèle, les téléphones commencent à chauffer entre les habituels négociateurs du Nouveau Front populaire. Le pouvoir est à portée de main, mais la route est sinueuse.

Premier défi pour le NFP : éviter l’implosion

Premier col à franchir pour le NFP, celui de la cohésion interne. Car le message envoyé le soir du 7 juillet – date du second tour des législatives françaises – est peu encourageant : comment une alliance qui n’arrive pas à se mettre d’accord pour organiser une soirée électorale commune va-t-elle faire pour mettre en place un cabinet gouvernemental ?

Nouée dans l’urgence, l’alliance de la gauche et des écologistes n’était pas forcément vouée à survivre aux législatives, mais la donne a toutefois changé, sans effacer les fissures grossièrement dissimulées ces trois dernières semaines. Quels points communs entre le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann et la France insoumise (LFI) du néo-député et militant antifasciste Raphaël Arnault ?

La solution réside peut-être dans le rééquilibrage des forces au sein du NFP. Quand la Nupes, ancienne forme de l’alliance en 2022, était composée à 50% de députés LFI, ceux-ci ne sont plus qu’un gros tiers dans le Nouveau Front populaire, talonnés par les socialistes. Il faut aussi prendre en compte les dissidents Insoumis, qui ne comptent plus siéger avec les Mélenchonistes.

« Il faut que l’on travaille sur la structuration », explique une dirigeante écologiste, c’est-à-dire sur cet équilibre des forces, avec une France insoumise sans doute moins puissante, mais certainement pas moins exigeante et un Parti socialiste (PS) qui compte bien être le moteur du NFP.

Tectonique des plaques à l’Assemblée

« Structuration », c’est aussi le terme employé par Emmanuel Macron dimanche soir. Le chef de l’État a bien compris qu’il fallait attendre pour voir la poussière retomber. Y a-t-il un chemin pour une grande coalition gauche-droite, comme l’espère l’Elysée ? Peu probable au vu des déclarations du NFP, qui ne veut pas d’une « coalition des contraires ». Mais d’éventuelles fractures au sein du NFP seront regardées avec attention du côté du camp présidentiel, bien au fait des fissures déjà présentes et prêt à s’y engouffrer.

Cependant, attention à l’effet inverse : Emmanuel Macron a profondément divisé son camp avec la dissolution, et nombreux sont les députés Ensemble réélus à être issus du centre-gauche. Le NFP pourrait donc tenter d’aller chercher du soutien dans l’alliance présidentielle et ainsi acter la fin du « en même temps » macronien. Encore faut-il que la gauche et les écologistes soient prêt à s’ouvrir à d’autres forces. L’identité du candidat NFP au poste de Premier ministre donnera sans doute un premier indice.

Le patron du PS Olivier Faure a indiqué qu’il souhaitait qu’il soit désigné d’ici la fin de semaine. Les Insoumis ont toutefois prévenu : estimant être toujours la première force de l’alliance, c’est dans ses rangs que la ou le Premier ministre doit être choisi et « Jean-Luc Mélenchon n’est absolument pas disqualifié » pour le poste, a martelé la députée LFI, Mathilde Panot. Les consultations entre chefs du NFP ces prochaines heures risquent donc d’être musclées.

Rfi

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