Commission européenne : Ursula von der Leyen reconduite par les eurodéputés pour un second mandat

Ursula von der Leyen a été réélue jeudi par les députés européens à la tête de la Commission européenne, ouvrant la voie à une continuité des principales institutions de l’Union européenne (UE).

Ursula von der Leyen a été réélue jeudi 18 juillet par les députés européens à la tête de la Commission européenne, ouvrant la voie à une continuité des principales institutions de l’Union européenne (UE).

Peu avant, la dirigeante allemande a tenté, dans un discours d’une heure, de répondre aux attentes, parfois contradictoires, des divers groupes politiques. Avec un objectif : convaincre les eurodéputés de lui accorder un second mandat à la tête de la Commission européenne.

Si elle se donne pour priorités de doper la compétitivité et renforcer massivement les investissements pour les industries critiques et la défense, elle entend aussi viser un objectif climatique ambitieux pour 2040 (baisse nette de 90 % d’émissions).

Elle promet un plan « industries propres » pour réduire les factures énergétiques et un « plan logement abordable » pour les ménages précaires, avec, pour la première fois, un commissaire dédié à la question.

Défenseure de longue date d’une « Commission géopolitique », elle a plaidé pour « une Europe forte » dans une « période de grande anxiété et d’incertitude » face aux « démagogues et les extrémistes détruisant notre mode de vie européen ».

Ursula von der Leyen se présente comme un gage de stabilité face aux tensions du monde : contentieux commerciaux avec Pékin, retour possible de Donald Trump à la Maison Blanche, guerres en Ukraine et au Proche-Orient… « Le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement », a-t-elle lancé, appelant à « un cessez-le-feu immédiat et durable ».

Après l’accord des Vingt-Sept fin juin, Ursula von der Leyen, 65 ans, doit désormais s’assurer le feu vert d’au moins 361 des 719 eurodéputés réunis à Strasbourg pour décrocher un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l’exécutif européen, où elle s’est imposée depuis 2019 à travers les crises.

Le Parti populaire européen (PPE, droite), dont elle est issue, reste la première force du Parlement (188 élus). Les sociaux-démocrates (S&D) occupent 136 sièges et les libéraux (Renew) 77. La grande coalition réunissant ces trois partis serait ainsi suffisante. Mais des défections sont attendues dans leurs rangs et l’issue du scrutin, qui aura lieu à bulletins secrets à partir de 13 h (11 h GMT), s’annonce serrée après la poussée de l’extrême droite aux élections de juin.

« On est conscient des risques, mais on ne veut pas lui donner un blanc-seing, on veut qu’elle continue à agir en cohérence avec notre agenda : industrie de défense, numérique, investissements », avait insisté mercredi l’élue française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Obtenir le soutien des Écologistes

Pour sécuriser la majorité absolue requise, Ursula von der Leyen lorgne le soutien des écologistes (53 sièges) : elle a intégré dans un document écrit les plans pour l’adaptation climatique et « le Pacte pour l’océan » qu’ils réclamaient.

D’un autre côté, Ursula von der Leyen y réaffirme sa défense de l’usage de carburants automobiles synthétiques après 2035, et insiste sur les intérêts des agriculteurs, des revendications des conservateurs.

Enfin, elle a promis dans l’hémicycle de renforcer Frontex, l’agence de l’UE chargée des frontières, et de tripler le nombre de garde-frontières et de garde-côtes : des gages donnés au PPE, mais aussi au groupe d’extrême droite ECR, associé à la dirigeante italienne, Giorgia Meloni.

Elle pourrait de facto avoir besoin d’une partie des 78 élus ECR, même si toute ouverture assumée à ECR reste cependant une ligne rouge pour les libéraux, socialistes et Verts, qui appellent à construire « une majorité stable avec des partis pro-démocratie, pro-UE » sans l’extrême droite.

À l’inverse, l’autre groupe d’extrême droite « Patriotes pour l’Europe », réunissant Rassemblement national et le Fidesz (Hongrie) avec des positions réticentes au soutien à l’Ukraine reste exclu de toute majorité potentielle.

Ursula von der Leyen, a accusé, jeudi, le Premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban, de « jouer le jeu » de Vladimir Poutine avec sa visite récente à Moscou pour une « prétendue mission de paix ».

Elle a par ailleurs proposé la mise en place d’un « Bouclier européen de la démocratie ». « L’Union a besoin de sa propre structure dédiée à la lutte contre les manipulations de l’information et les ingérences étrangères. » a-t-elle lancé.

La dirigeante allemande « pourrait s’assurer 30 à 40 voix des Verts, une vingtaine chez ECR, de quoi largement compenser les pertes dans les trois groupes [de la majorité centrale], c’est le scénario le plus probable », calcule un eurodéputé au fait des équilibres.

Avant de tempérer : « Évidemment, tout se jouera à quelques dizaines de voix ». En 2019, l’ancienne ministre allemande avait été élue avec seulement neuf voix d’avance.

Autre incertitude : l’impact pour l’image d’Ursula von der Leyen du verdict de la justice de l’UE épinglant, mercredi, Bruxelles pour son manque de transparence dans les achats de vaccins anti-Covid négociés avec les laboratoires.

En cas d’échec, les États membres devront proposer dans un délai d’un mois un nouveau candidat, au risque d’une grave crise politique alors qu’aucune alternative n’est envisagée.

Avec AFP

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