Invité à prendre part au sommet international sur le ”Sport pour le développement durable’’, organisé par l’Élysée et le Comité international olympique(CIO), le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Diakhar Faye a tenu ce jeudi un discours mémorables. Ainsi, parmi les points les plus marquant de son discours, la question du racisme à laquelle il est largement revenu. Voici l’intégralité de son discours.
Monsieur le Président Emmanuel Macron,
Chers collègues Chefs d’Etat et de gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Monsieur le Président du Comité exécutif du CIO,
Chers membres du mouvement olympique,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais à l’entame de mon propos remercier le Président Emmanuel Macron, et Monsieur Thomas Bach, Président du Comité exécutif du CIO, pour leur aimable invitation à ce sommet des JO du Développement durable en prélude des Jeux Olympiques Paris 2024.
J’adresse à la France, pays hôte, et au mouvement olympique, mes meilleurs vœux de succès pour ce rendez-vous de l’excellence sportive mondiale et de la fraternité humaine.
En nous réunissant ici, sous la bannière de l’Olympisme, nous faisons vivre la tradition antique de la Trêve olympique, célébrant les idéaux de paix, de sécurité et de compréhension mutuelle entre les peuples.
Cette tradition nous rappelle que le sport n’est pas que compétition. Il est aussi une humanité qui rassemble les peuples, au-delà de leurs frontières et de leurs différences.
Paris, 25 juillet 2024
C’est tout le sens de la Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique.
Cependant, force est de constater que l’idéal olympique est aujourd’hui mis à rude épreuve par la tragédie de la guerre, de la violence sous toutes ses formes et des inégalités sans cesse croissantes au sein et entre les nations.
Mesdames, messieurs ;
Ce Sommet qui s’inscrit dans la continuité du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète, et la perspective du Sommet de l’Avenir en septembre prochain à New York, nous interpelle sur l’urgence d’œuvrer de façon plus résolue à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Inspirée par l’idéal olympique, notre rencontre devrait sonner le réveil des consciences sur les iniquités persistantes d’un ordre mondial historiquement dépassé. Si nous voulons que les choses changent, il nous faut changer les règles du jeu.
Je pense à l’évasion fiscale, aux congés fiscaux abusifs et autres flux financiers illicites qui privent nos pays de ressources vitales au financement du développement.
Je pense à la question lancinante du traitement juste et équitable de la dette ainsi qu’au système de notation biaisé sur l’évaluation du risque concernant l’Afrique.
Je pense aux conditions inéquitables de la transition énergétique, quand certains partenaires interdisent le financement à l’étranger de sources d’énergie fossile, y compris le gaz, alors qu’ils continuent d’utiliser eux-mêmes des sources beaucoup plus polluantes comme le charbon.
Je pense à l’architecture de la gouvernance politique, économique et financière mondiales héritées de la seconde guerre mondiale, dont la composition des organes et les processus décisionnels ne reflètent plus les réalités de notre temps.
A maintes reprises et à juste titre, le Secrétaire général des Nations Unies a alerté sur le risque de fragmentation d’un système international obsolète et non inclusif.
A l’évidence, un système qui perpétue le statu quo et ignore les besoins légitimes de sa grande majorité crée les germes de sa remise en cause et la recherche de voies alternatives.
La mutation du Groupe des BRICS en un Sud global plus large montre à quel point le système international est contesté, et combien il urge de le réformer pour le rendre plus inclusif, plus juste et plus transparent dans l’intérêt bien compris de tous.
La réforme est possible si nous y mettons la volonté politique nécessaire.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Dans deux ans, le Sénégal accueillera le premier évènement de l’Olympisme en Afrique avec les Jeux Olympiques de la Jeunesse. C’est un honneur que nous partageons avec, l’Afrique, notre Continent.
Merci au Président Thomas Bach et merci aux membres du CIO pour le choix unanime porté sur le Sénégal pour abriter ce rendez-vous historique de la jeunesse mondiale.
Conformément aux engagements convenus, nous préparons l’évènement en tenant compte de trois impératifs :
- D’abord la co-construction, entre l’Etat, le CIO et le Comité national d’organisation, sous la conduite dynamique de M. Mamadou Diagna Ndiaye, Président du Comité national olympique sportif sénégalais ;
- Ensuite, la maîtrise des dépenses publiques, en privilégiant la réhabilitation et la mise à niveau d’infrastructures existantes pour abriter les compétitions ;
- Enfin, le suivi renforcé des questions de sécurité, d’hébergement, de transport, de restauration et de santé, entre autres.
Je remercie le CIO et tous les partenaires qui nous accompagnent pour faire de cette première de l’Olympisme en Afrique une fête de la jeunesse du monde et une réussite collective dont nous serons tous fiers.
Je saisis l’occasion pour attirer l’attention de notre Sommet sur le fléau insupportable du racisme et de la discrimination raciale qui continue de gangréner le sport dans un contexte de banalisation des discours haineux et xénophobes.
Face au racisme et à la discrimination raciale, nous devons rester debout et intransigeants.
C’est ainsi que nous pourrons mieux protéger les valeurs cardinales de l’Olympisme et célébrer ensemble sa magnifique devise : Citius, Altius, Fortius !
Je vous remercie de votre aimable attention.