Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh tué à Téhéran dans une frappe israélienne

Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique iranienne, ont affirmé mercredi  31 juillet que le chef politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait été tué à Téhéran avec l’un de ses gardes du corps. Selon le mouvement islamiste, il aurait été assassiné par une frappe israélienne.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé mercredi qu’une frappe israélienne aérienne à Téhéran avait tué son chef Ismaïl Haniyeh. « (Notre) frère, le dirigeant, le mujahid Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement, est mort dans un raid sioniste contre sa résidence à Téhéran après sa participation à l’investiture du nouveau président » iranien, a écrit le Hamas dans un communiqué.

Les Gardiens de la Révolution ont annoncé pour leur part que « la résidence d’Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique de la résistance islamique du Hamas, a été touchée à Téhéran, et (…) lui et l’un de ses gardes du corps sont morts en martyrs », selon un communiqué sur leur site d’information Sepah.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a condamné le « lâche assassinat » du chef politique du Hamas et appelé les Palestiniens à rester unis. « Le président de l’État de Palestine, Mahmoud Abbas, a fermement condamné l’assassinat du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qu’il considère comme un acte lâche et une grave escalade », a déclaré le bureau de M. Abbas dans un communiqué.

Les autorités iraniennes n’ont pas encore précisé les conditions de l’attaque : si c’est une frappe de missile, à l’aide d’un drone, ou menée par des hommes au solCe qui est certain, c’est qu’il s’agit d’un échec des services de renseignements et des guerriers de la révolution qui n’ont pas pu empêcher cette attaque au cœur de Téhéran.  L’Iran a déjà frappé Israël en lançant près de 300 drones et missiles contre contre Israël lorsqu’un consulat iranien à Damas avait été frappé par une attaque israélienne. Donc, il faut s’attendre à une réaction très dure de l’Iran, dans les prochaines heures ou dans les prochains jours, estime notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.

Israël voulait frapper « la tête du serpent »

Les autorités israéliennes n’ont pas réagi. Face aux nombreux fronts qui se sont ouverts dans le conflit, Israël avait déjà indiqué vouloir frapper « la tête du serpent », soit les principales capitales de l’axe de la résistance. Ce dernier groupe comprend l’Iran, la Syrie, le Hamas, le Jihad islamique, le Hezbollah libanais ou encore les Houthis au Yémen.

Ismaïl Haniyeh – tout comme les principaux responsables de l’axe de la résistance – s’était rendu à Téhéran pour assister mardi à la prestation de serment du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian devant le Parlement. L’Iran, allié du Hamas, ne reconnaît pas l’État israélien et a fait du soutien à la cause palestinienne un élément central de sa politique étrangère depuis la Révolution islamique de 1979. Lors de son discours d’investiture mardi, Massoud Pezeshkian a dénoncé les « crimes » d’Israël dans le territoire palestinien, tandis que des Iraniens présents à la cérémonie scandaient « Mort à Israël! Mort à l’Amérique! ».

Membre de l’axe de la résistance, la Turquie a condamné l’assassinat du chef du Hamas, proche du président turc Recep Tayyip Erdogan : « Nous condamnons l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un acte ignoble à Téhéran» écrit le ministère estimant que « cette attaque a également pour but d’étendre la guerre à Gaza à une dimension régionale ». « C’est un crime terroriste odieux et une violation flagrante des lois », a aussi écrit sur X Mohammed Ali al-Houthi, un haut responsable des Houthis.

La Russie, elle, a dénoncé un « assassinat politique inacceptable ». « C’est un assassinat politique tout à fait inacceptable, et cela va aboutir à une escalade ultérieure des tensions », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, à l’agence de presse publique RIA Novosti.

Ismaïl Haniyeh, figure emblématique du Hamas

Le chef politique du Hamas, né en 1963 dans le camp palestinien d’al-Shati, dans la bande de Gaza, devient rapidement un militant politique après avoir étudié la littérature arabe à l’université islamique de Gaza. Dès la création du Hamas, en 1987, après la première antifada, il rejoint ce nouveau mouvement islamiste et nationaliste. Arrêté et emprisonné en 1989, Ismaïl Haniyeh est expulsé au Liban en 1992.

De retour dans la bande de Gaza un an plus tard, il est nommé secrétaire du chef spirituel du Hamas, Ahmed Yassine, assassiné en 2004 par l’armée israélienne. C’est alors qu’il devient une personnalité incontournable et sous sa houlette, le Hamas change de cap et s’intègre à la vie politique. Résultat : le mouvement remporte les élections législatives de 2006. Ismaïl Haniyeh est nommé Premier ministre de l’Autorité palestinienne, un poste qu’il va occuper jusqu’en 2014.

Dirigeant de l’ombre de la bande de Gaza jusqu’en 2017, il devient deux ans plus tard le chef du bureau politique du Hamas. Exilé volontairement au Qatar depuis 2019, Ismaïl Haniyeh a vu depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 de nombreux membres de sa famille tués lors des opérations menées par l’armée israélienne, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste.

Rfi

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