Sahara occidental : un projet de « partition » soumis à l’ONU rejeté par le Front Polisario

Un projet de « partition » du Sahara occidental a été soumis au Conseil de sécurité de l’ONU a été « catégoriquement » rejeté jeudi par les indépendantistes sahraouis. Le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie se disputent le territoire depuis un demi-siècle. 

Lors d’un Conseil à huis clos mercredi soir, l’émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura a dit avoir, « en toute discrétion, repris et réactivé avec toutes les parties concernées le concept de partition du Territoire », selon ses propos non rendus publics et dont l’AFP a pris connaissance jeudi 18 octobre.

 Vaste étendue désertique de 266 000 km2 au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le dernier territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’est pas réglé: le Maroc en contrôle plus de 80% à l’ouest, le Front Polisario moins de 20% à l’est, le tout étant séparé par un mur de sable et une zone tampon sous contrôle de Casques bleus de l’ONU.

Le conflit dans cette région au riche sous-sol minier et aux côtes poissonneuses dure depuis 1975. L’ancienne colonie espagnole est considérée comme un « territoire non autonome » par les Nations unies. 

Depuis 2007, Rabat propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger, exigent un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.

Staffan de Mistura, diplomate italo-suédois de 77 ans, est depuis trois ans l’envoyé personnel du secrétaire général Antonio Guterres pour ce territoire. Des hostilités de basse intensité ont repris en novembre 2020 entre le Polisario et le Maroc à la suite du déploiement de troupes de Rabat dans la zone tampon pour en déloger des indépendantistes.   

 « État indépendant » 

Ce projet de « partition », a vanté Staffan de Mistura, « permettrait, d’une part, de créer un État indépendant dans la partie sud, et d’autre part, d’intégrer le reste du Territoire comme une partie du Maroc sur laquelle sa souveraineté sera reconnue internationalement ».

Il a toutefois dit « regretter » que « ni Rabat, ni le Front Polisario » n’aient exprimé le moindre « signe de volonté » d’aller plus loin dans les consultations.

De fait, le « Frente Polisario affirme avec force son rejet total et catégorique de toute +proposition+ ou +initiative+, d’où qu’elles viennent, qui ne consacrent pas pleinement, ni ne garantissent le droit inaliénable, non négociable et imprescriptible du peuple sahraoui à l’auto-détermination et à l’indépendance ou qui ne respectent pas l’intégrité territoriale du Sahara occidental », selon un communiqué diffusé jeudi soir sur X par son représentant diplomatique à l’ONU, Sidi Omar.

Ni le Maroc, ni l’Algérie n’ont réagi.

Nommé en octobre 2021, Staffan de Mistura était encore au début du mois dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie, avec des responsables du Polisario.

Le processus reste bloqué

L’ONU surveille sur place via la Minurso (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental): son mandat devrait être renouvelé jusqu’au 31 octobre 2025 à l’issue d’un Conseil de sécurité le 30 octobre, grâce à la « recommandation » de M. Guterres contenu dans son rapport mis en ligne jeudi.

La semaine dernière, l’Assemblée générale de l’ONU avait aussi débattu du Sahara occidental, au sein d’une commission sur la « décolonisation ».

L’association Eucoco (Coordination européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui) y a réclamé « la réalisation du référendum d’auto-détermination promis au peuple sahraoui, comme octroyé à tous les peuples décolonisés », a défendu Stéphane Gallois, membre de la Coordination.

« Mais il y a assez peu d’espoir », a reconnu le militant français. En revanche, a-t-il dit à l’AFP, « à plus court terme, tout le milieu associatif et politique qui soutient les Sahraouis demande que la Minurso ait un mandat de contrôle du respect des droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc ».

Mais Rabat engrange les soutiens.

Fin 2020, les États-Unis présidés alors par Donald Trump avaient reconnu sa souveraineté sur le Sahara occidental, suivis par l’Espagne, l’Allemagne, puis en juillet par le président français Emmanuel Macron, qui a fâché l’Algérie.

AFP

Vous pourriez aussi aimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *