En Guinée, cinq ans de prison requis contre un ancien ministre de la défense d’Alpha Condé

Mohamed Diané est accusé de détournement de fonds publics, d’enrichissement illicite, de blanchiment de capitaux et de corruption d’agents publics.

Le ministère public guinéen a requis cinq ans de prison, mercredi 23 octobre, contre Mohamed Diané, un ancien ministre de la défense du président Alpha Condé (renversé par un putsch en 2021), pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et corruption d’agents publics. Le représentant du ministère public, Malick Marcel Oularé, a aussi réclamé une amende de 5 milliards de francs guinéens (537 000 euros) contre Mohamed Diané, tout-puissant ministre de 2015 à 2021, écroué depuis 2022 et jugé devant une cour spéciale anticorruption instituée par la junte au pouvoir. Le jugement a été mis en délibéré au 18 décembre.

Le représentant du ministère public a dit soutenir les arguments de l’avocat de l’Etat, partie civile, qui avait invoqué auparavant la fortune personnelle de Mohamed Diané, laquelle avait considérablement augmenté entre le début et la fin de ses fonctions. La partie civile a mis en avant l’important patrimoine immobilier de l’ancien ministre, qui, selon elle, lui aurait servi à blanchir le fruit d’agissements illégaux. Mohamed Diané a dit garder le silence parce que ses droits étaient « bafoués ». Il n’avait pas d’avocat à ses côtés, ses conseils ayant suspendu leur participation à la procédure pour protester contre le refus de la cour de le relâcher.

Mohamed Diané est l’un des nombreux anciens dirigeants et figures de l’opposition ou de la société civile incarcérés ou inquiétés sous la junte. Les militaires ont officiellement fait de la lutte contre la corruption, réputée endémique en Guinée, un de leurs grands combats proclamés. La junte a ordonné en novembre 2022 d’engager des poursuites contre Alpha Condé et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres, notamment pour des faits présumés de corruption. Elle avait déjà lancé en mai 2022 une action contre l’ancien président pour des faits présumés d’assassinats, actes de torture, enlèvements et viols, dans ce pays où la répression des manifestations politiques est souvent brutale.

Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, a assuré qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières ». L’opposition dénonce la répression des libertés et l’instrumentalisation de la justice.

Le Monde avec AFP

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