Les opérations de recherche se poursuivent, jeudi, dans le sud-est de l’Espagne. Le pays est sous le choc après les pires inondations depuis plus de cinquante ans, qui ont fait au moins 158 morts et de nombreux disparus.
Après les pires inondations depuis un demi-siècle en Espagne, les opérations de recherche de victimes se poursuivent, jeudi 31 octobre, dans le sud-est du pays. Le dernier bilan des autorités fait état d’au moins 158 morts – la plupart dans la communauté de Valence, la plus durement frappée – ainsi que de nombreux disparus.
Près d’un millier de militaires sont déployés sur le terrain, principalement dans la région de Valence, aux côtés des pompiers, policiers et secouristes qui cherchent à localiser d’éventuels survivants et s’efforcent de déblayer les zones sinistrées.
Le bilan humain, qui est le plus élevé depuis des inondations qui avaient fait 300 morts en octobre 1973, « va augmenter » parce qu’il y a encore « de nombreux disparus », a toutefois prévenu, mercredi soir, le ministre de la Politique territoriale, Angel Víctor Torres.
Le Premier ministre, Pedro Sanchez, qui a déclaré trois jours de deuil national, s’est rendu jeudi matin à Valence. Il a appelé les habitants de la région à « rester chez eux », le risque étant encore présent. Le dirigeant socialiste a souligné avec force que l’épisode de mauvais temps à l’origine de ces inondations « continue » et a appelé tous les gens vivant dans les régions concernées à faire preuve de la plus extrême vigilance.
« La priorité actuellement est de retrouver les victimes » encore ensevelies sous les décombres « et les disparus », a déclaré Pedro Sanchez. Il n’a pas précisé le nombre des disparus, mais la presse espagnole les estime à plusieurs dizaines. « Le plus important est que les citoyens soient conscients que (l’épisode de mauvais temps) n’est pas terminé », a-t-il dit.
Le courant « l’a emporté »
Jeudi à l’aube, des milliers de personnes étaient toujours privées d’électricité dans la région de Valence, selon les services de secours. De nombreuses routes restent par ailleurs coupées, alors que d’innombrables carcasses de voitures jonchent les routes, couvertes de boue et de débris.
« Je n’aurais jamais pensé vivre ça », a confié à l’AFP Eliu Sanchez, habitant de Sedavi, commune de 10 000 habitants dévastée par les intempéries, en racontant une nuit de cauchemar.
« Nous avons vu un jeune homme dans un terrain vague, réfugié sur le toit de sa voiture », raconte cet électricien de 32 ans. « Il a essayé de sauter » sur un autre véhicule mais le courant « l’a emporté ».
Selon les autorités, l’une des localités les plus touchées est Paiporta, dans la banlieue sud de Valence, où une quarantaine de personnes ont trouvé la mort, dont une mère et son bébé de trois mois, emportés par le courant.
Le président de la région de Valence, Carlos Manzon, a indiqué, mercredi soir, que les services d’urgence avaient effectué dans la journée « 200 opérations de sauvetage terrestres et 70 aériennes » avec des hélicoptères.
Il a, par ailleurs, précisé que les secours étaient parvenus à se rendre dans l’ensemble des zones affectées, alors que plusieurs villages sont restés coupés du reste du pays une bonne partie de la journée de mercredi.
« Nouveau rappel terrible »
Selon l’agence météorologique Aemet, plus de 300 litres d’eau par mètre carré sont tombés dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villes de la région de Valence, avec une pointe à 491 litres dans le petit village de Chiva. C’est l’équivalent « d’une année de précipitations », a-t-elle précisé.
La presse espagnole, qui qualifie ces intempéries d' »inondations du siècle », a commencé à s’interroger sur la réactivité des autorités : le message d’alerte du service de Protection civile aux habitants a en effet été envoyé mardi après 20 h, alors que l’Aemet avait émis une « alerte rouge » dès le matin.
La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène dit de la « gota fria » (la « goutte froide »), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours.
Les scientifiques avertissent depuis plusieurs années que les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les tempêtes, sont à la fois de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses en raison du changement climatique.
« Ces inondations soudaines en Espagne sont un nouveau rappel terrible du changement climatique et de son caractère chaotique », a souligné dans une note Jess Neumann, professeur d’hydrologie à l’université de Reading au Royaume-Uni.
Avec AFP