Un responsable de l’opposition en Guinée, Abdoul Sacko, a été arrêté mercredi matin par des hommes « masqués » à son domicile en banlieue de Conakry, selon des sources proches de sa famille et son avocat.
M. Sacko est un des responsables des Forces vives de Guinée, une coalition des principaux partis, de syndicats et d’organisations non-gouvernementales qui réclame un retour des civils au pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest dirigé par une junte.
« Ils sont venus à bord de trois véhicules, ils n’étaient pas en treillis mais leurs visages étaient masqués », a déclaré un proche de l’opposant sous couvert de l’anonymat. « Ils sont d’abord entrés dans une première maison voisine de celle de M. Sacko. Ils ont ligoté certains occupants en leur demandant où il habite. Ils leur montraient la photo d’Abdoul Sacko », a-t-il ajouté.
« Après ils se sont rendus là-bas. (…) Ils l’ont pris avec ses téléphones, ils sont partis sans toucher d’autres personnes », a indiqué un autre proche de l’opposant. « Il faut exclure toute hypothèse de banditisme », a déclaré l’avocat de l’opposant, Me Almamy Samory Traor. « N’ayant pas pu passer par la porte, ils ont perforé le plafond, c’est là qu’ils l’ont interpellé ».
« Nous on s’attendait à ça. Notre client recevait des menaces régulièrement (…) Nous allons nous rendre dans les différents services de gendarmerie, de police, où nous espérons le retrouver dans les prochains jours. Il ne faut pas que la liste des disparitions forcées s’allonge », a ajouté l’avocat qui a annoncé avoir signalé l’événement au procureur de Dixinn.
« Nous dénonçons cet enlèvement et nous exigeons sa libération inconditionnelle », a réagi Biro Barry, cadre du Forum des forces sociales et proche collaborateur de M. Sacko. « S’il y a quelque chose qu’on lui reproche, qu’on lui dépose une convocation en bonne et due forme. En tant que citoyen, il est obligé de répondre. Mais ce genre d’enlèvement, il faut arrêter » cela, s’est insurgé M. Barry.
L’opposant avait déjà été interpellé le 11 mars 2023 et relâché le même jour, pour son implication dans l’organisation de manifestations interdites. « C’est avec beaucoup d’indignation mais sans surprise que nous avons appris cet autre enlèvement d’une des rares voix critiques de la société civile présente encore sur le terrain », a réagi Alseny Sall de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH).
La junte du général Mamadi Doumbouya, arrivée au pouvoir par un coup d’Etat en 2021, est régulièrement accusée de réprimer la liberté d’expression et de faire taire des figures de l’opposition. Deux opposants qui réclament un retour des civils au pouvoir, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont portés disparus depuis juillet 2024.
AFP