Russes et Américains se sont entendus mardi à Ryad pour établir un « mécanisme de consultation » pour régler leurs contentieux et vont nommer des négociateurs pour le règlement de la guerre en Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s’entretenait à Ankara avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé des pourparlers « sur l’Ukraine sans l’Ukraine » et a réclamé des pourparlers « équitables » qui incluent l’UE, le Royaume-Uni et la Turquie. M. Erdogan a de son côté décrit son pays comme « un hôte idéal pour les probables négociations entre la Russie, l’Ukraine et les Etats-Unis« .
Mais à Ryad, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, à l’issue des premiers pourparlers de ce niveau entre Russes et Américains depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 qui ont duré 04H30, s’est dit « convaincu » que la Russie voulait s’engager dans un « processus sérieux » pour mettre fin à la guerre. « Il doit s’agir d’une fin permanente à la guerre, pas une fin temporaire, comme on a vu par le passé. On sait, c’est juste la réalité des choses, qu’il devra y avoir une discussion sur les territoires et qu’il y aura une discussion sur les garanties de sécurité« , a-t-il dit à la presse. Il a précisé que les Européens devraient « être à la table à un moment donné« .
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé à ce titre avoir perçu « un vif intérêt pour la levée des obstacles artificiels au développement d’une coopération économique mutuellement bénéfique » entre la Russie et les Etats-Unis. Il a estimé que les Américains avaient commencé à « mieux comprendre » la position de Moscou. Washington et Moscou ont dit que Kiev participerait aux pourparlers « en temps voulu« , et le porte-parole du Kremlin a assuré mardi que Vladimir Poutine était « si nécessaire (…) prêt à négocier avec Zelensky« .
Quant aux Européens, dont les principaux dirigeants, désarçonnés par la reprise de contacts entre Donald Trump et Vladimir Poutine et qui s’étaient réunis en urgence lundi à Paris, ils réclament de pouvoir « faire équipe » avec les Etats-Unis pour une paix « juste et durable » en Ukraine, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur X, après une rencontre avec l’envoyé spécial du président Donald Trump sur l’Ukraine, Keith Kellogg. Mais Marco Rubio et Sergueï Lavrov, à Ryad, ont ignoré ces questions et ont décidé de « désigner des équipes de haut niveau pour commencer à travailler sur une issue du conflit en Ukraine dès que possible, de manière durable, pérenne et acceptable pour l’ensemble des parties« , a indiqué le département d’Etat dans un communiqué.
Dans un entretien à des journaux français, le président Emmanuel Macron a pour sa part assuré que « la France ne s’apprête pas à envoyer des troupes au sol, belligérantes dans un conflit, sur le front » en Ukraine. Il a annoncé qu’il organiserait mercredi une nouvelle réunion « avec plusieurs Etats européens et non européens » sur l’Ukraine. Le président Trump « peut réamorcer un dialogue utile » avec le président Poutine, a par ailleurs estimé le chef de l’Etat français. « Il recrée de l’ambiguïté stratégique pour le président Poutine » en employant « des mots très fermes » et en créant « de l’incertitude » qui « peut aider à faire pression« .
A Ryad, Moscou et Washington et sont également entendus pour mettre sur pied un « mécanisme de consultation » et « poser les bases d’une future coopération sur des enjeux géopolitiques d’intérêt commun et sur les opportunités économiques et d’investissement historiques qui émergeront d’une issue réussie au conflit en Ukraine« , a déclaré le département d’Etat. Avant le début des pourparlers, la Russie avait notamment souligné que le règlement de la guerre en Ukraine était indissociable de la réorganisation de l’architecture sécuritaire européenne. La Russie réclame de longue date un retrait des forces de l’Otan d’Europe orientale, car elle considère l’Alliance comme une menace existentielle. Elle avait notamment utilisé cet argument pour justifier son invasion de l’Ukraine en 2022.
AFP