(Agence Ecofin) – Outre la diplomatie et les outils de soft-power comme les organisations religieuses et humanitaires, Ankara mise sur les ventes d’armes et les accords de coopération dans le domaine de la sécurité pour renforcer son influence économique et politique en Afrique.
La Libye accueillera la quatrième édition du Sommet Afrique-Turquie en 2026, a annoncé le conseil présidentiel libyen dans un communiqué publié le mardi 18 février.
Indiquant que cette décision a été prise lors du 38e Sommet de l’Union africaine (UA) tenu à Addis-Abeba les 15 et 16 février, l’organe exécutif unifié libyen, dont les membres représentent chacune des trois régions historiques de la Libye, a également souligné l’importance pour le pays d’Afrique du Nord d’accueillir le prochain Sommet Turquie-Afrique « dans le cadre des efforts visant à restaurer son rôle actif et sa position de leader sur le continent ».
Le communiqué indique que l’accueil de cet événement représente une « reconnaissance internationale renouvelée du potentiel de la Libye et de son rôle central dans le renforcement du dialogue et de la coopération stratégique entre l’Afrique et les pays clés et l’encouragement de partenariats plus efficaces pour la réalisation des objectifs du continent ».
Les trois premières éditions du Sommet Turquie-Afrique ont été organisées en 2008 à Istanbul, en 2014 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale et en 2021 à Istanbul.
La Turquie a adopté en 2023 une « politique africaine » qui a donné une grande impulsion à sa présence sur le continent. Les échanges commerciaux bilatéraux sont passés de 3 milliards de dollars en 2003 à près de 41 milliards de dollars en 2022, alors que les entreprises turques ont réalisé 1977 projets d’infrastructures d’une valeur cumulée de 91,6 milliards de dollars en Afrique à la mi-novembre 2024, selon le vice-président turc, Cevdet Yılmaz.
Selon l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), la Turquie est le quatrième exportateur d’armes vers l’Afrique, grâce notamment à la forte demande de ses célèbres drones Bayraktar TB2 et de ses véhicules blindés Kirpi.
L’armée turque dispense également des formations à certaines forces de sécurité africaines, comme c’est le cas en Libye et en Somalie. A Mogadiscio, la Turquie a ainsi construit un centre militaire pour former l’armée somalienne à la lutte contre le groupe extrémiste Al-Shebab.
Ankara utilise par ailleurs des outils de soft power à l’instar de plusieurs autres puissances engagées en Afrique. La Fondation Maarif, créée par l’Etat, a par exemple ouvert près de 180 écoles dans une trentaine de pays africains, alors que des centaines d’étudiants africains sont encouragés chaque année, à travers l’attribution de bourses, à poursuivre leurs études dans des universités turques. Des organisations religieuses et humanitaires sont aussi très actives dans la construction de mosquées, d’hôpitaux et de centres de soins.
En retour, la Turquie a vu son influence s’accroître sur le continent, comme en atteste le succès de sa récente médiation qui a permis de résoudre par la voie diplomatique le conflit opposant l’Ethiopie à la Somalie.