Trois journalistes tchadiens sont accusés d’intelligence avec le groupe paramilitaire russe Wagner et de complot contre l’État. Ils ont été placés sous mandat de dépôt à N’Djamena. Une nouvelle audition est prévue jeudi 13 mars 2025, alors que cette affaire soulève des interrogations sur la liberté de la presse et l’influence russe en Afrique.
Trois journalistes tchadiens ont été arrêtés et placés sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Klessoum, à N’Djamena. Ils sont soupçonnés d’avoir collaboré avec le groupe paramilitaire russe Wagner. Parmi eux figurent Olivier Mbaindinguim Monodji, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays et correspondant de RFI, ainsi que Ndilyam Guekidata, rédacteur de Le Pays, et Mahamat Saleh Alhissein, journaliste de Télé Tchad.
Le procureur de la République, Oumar Mahamat Kedelaye, a confirmé leur inculpation pour « intelligence avec l’ennemi, attentat contre les institutions et complot ». Cette affaire repose sur des documents qui, selon les autorités, prouvent que ces journalistes ont transmis des informations sensibles sur la sécurité et l’économie du Tchad.
Une enquête en cours et des implications géopolitiques
Selon la direction de Télé Tchad, Mahamat Saleh Alhissein est accusé d’avoir traduit des documents fournis par la Russie concernant les activités de Wagner au Mali et la situation économique du Sahel. Olivier Mbaindinguim Monodji aurait, quant à lui, été interpellé après avoir couvert l’inauguration de la Maison russe de N’Djamena en septembre 2023.
Cette arrestation intervient dans un contexte de tensions croissantes entre la Russie et plusieurs pays africains, où Moscou cherche à renforcer son influence. En septembre dernier, trois ressortissants russes liés à Wagner avaient été arrêtés à N’Djamena avant d’être retenus plusieurs semaines sans explication officielle.
Une liberté de la presse sous pression
Cette affaire soulève de nombreuses questions sur la liberté de la presse au Tchad, alors que le pays a récemment vu son paysage politique se resserrer sous la présidence de Mahamat Idriss Déby Itno. Élu en mai 2024 dans un scrutin contesté, il a consolidé son pouvoir avec une majorité écrasante aux élections législatives et locales, boycottées par l’opposition.
Les organisations de défense des droits de l’homme et des journalistes s’inquiètent de cette vague de répression. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF) ont déjà appelé à la libération des journalistes tchadiens et à un procès équitable.
Une audition cruciale attendue
Les trois journalistes comparaîtront à nouveau devant la justice jeudi. Leur sort reste incertain, mais cette affaire met en lumière les tensions géopolitiques croissantes en Afrique centrale et la volonté des autorités tchadiennes de contrôler l’information.
Alors que le Tchad tente de redéfinir ses alliances internationales après le retrait des troupes françaises, le rôle de la Russie et de Wagner dans la région continue d’alimenter les débats.
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