La situation à Dembancané, un village de la région de Matam, devient de plus en plus préoccupante en raison des crues qui isolent la localité de Kanel. Les habitants, coupés des autres villages, sont désormais contraints d’utiliser des pirogues pour traverser, une solution temporaire qui présente de nombreuses difficultés. Lors de notre visite, plusieurs villageois attendaient la pirogue pour partager leur calvaire quotidien.

Moussa Diallo, censeur au lycée de Dembancané, témoigne des coûts exorbitants liés à ces trajets. Il dépense 1500 FCFA par jour pour la traversée, auxquels s’ajoutent 1500 FCFA supplémentaires pour transporter sa moto. Ces frais, qui s’accumulent, rendent la situation intenable pour ce fonctionnaire. « Le coût du transport est un véritable fardeau. L’État doit intervenir pour réguler ces tarifs devenus insoutenables », insiste-t-il.

La situation est tout aussi difficile pour les élèves. Fatou Konaté, élève en terminale, explique que la crue a perturbé son programme scolaire. « Je suis obligée de rester à Dembancané jusqu’au vendredi et de rentrer uniquement les week-ends. Le trajet aller-retour coûte 3000 FCFA », confie-t-elle. Elle n’est pas la seule à endurer cette épreuve. Dix élèves de son village, Bokiladji, et trois autres de Manael, le village de Marietou Diallo, élève en classe de 5e, doivent quotidiennement faire face aux mêmes difficultés. Les inondations rendent les déplacements vers le lycée périlleux, d’où l’urgence de solutions durables. « Cette situation perturbe sérieusement nos études », déplorent-elles, appelant le gouvernement à leur venir en aide.

Arona Diaw, un habitant de Dembancané et propriétaire d’une pirogue, a trouvé dans cette crue exceptionnelle une opportunité de travail en se tournant vers le transport fluvial. Cependant, il reconnaît que l’activité comporte des risques, notamment à cause des arbres immergés dans l’eau. Contrairement aux autres piroguiers, il demande 1000 FCFA pour ses services et est souvent sollicité par des commerçants pour transporter des marchandises. « D’habitude, je transporte des clients vers la Mauritanie. Avec cette situation, je peux gagner entre 15 000 et 20 000 FCFA par jour, mais le carburant coûte cher, environ 5000 FCFA pour 18 litres », explique-t-il.

Arona Diaw appelle également l’État à venir en aide aux sinistrés. Il se dit prêt à offrir des trajets gratuits pour montrer l’ampleur du problème et plaide pour une solution durable.

Les habitants de Dembancané, déjà lourdement impactés par les inondations, espèrent des mesures rapides pour soulager leur quotidien, permettre aux élèves de poursuivre leurs études sans encombre et sécuriser le transport entre les villages.

Le Soleil

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