Burkina Faso : la complexe lutte contre un terrorisme endogène

Malgré tous les moyens matériels engagés dans la lutte contre le terrorisme, certains pays d’Afrique de l’Ouest ne sont pas encore près du bout du tunnel. Les groupes armés terroristes continuent de sévir et sont même en train de prolonger leurs activités dans d’autres pays qui étaient jusque-là épargnés. D’où la nécessité pour les États directement touchés, de repenser la guerre. Au Burkina Faso, les décideurs en ont pris conscience.

Invité de la chaine BF1TV, le chef d’escadron François Zoungrana soutient que “la lutte contre le terrorisme nécessite de repenser la guerre, la façon de mener la guerre.”

Pour le commandant de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale (USIGN), ce changement de paradigme s’impose d’autant plus que l’ennemi a changé de visage dans ce pays du Sahel. “L’ennemi que nous croisons est très différent de l’ennemi que nous croisions au début qui traversait la frontière. L’ennemi actuellement est essentiellement composé de citoyens burkinabé”, admet le gendarme. 

Ce constat est documenté selon lui par “nos services de renseignements généraux”. « La réalité est triste, mais la réalité est que ce sont des citoyens burkinabè qui se sont levés contre l’État…”, renchérit le commandant de l’USIGN.

En 2016, un groupe djihadiste local, Ansarul Islam a vu le jour dans le nord-est du Burkina Faso et fait partie des acteurs de la déstabilisation de cette zone. La même année, AQMI, a travers Al Mourabitoune a planifié un attentat qui s’est produit en janvier à Ouagadougou. Parmi le commando de trois assaillants envoyé dans la capitale du Burkina Faso, figurait au moins un autochtone, Al Battar Al Ansari.

Depuis 2019, la région des trois frontières où se rencontrent le Burkina Faso, le Mali et le Niger est devenue l’épicentre du jihad. Plusieurs attaques ont été revendiquées dans cette zone par soit l’État Islamique dans le Grand Sahara ou son rival le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) affilié à AQMI. Ces organisations recrutent au sein de la population locale en s’appuyant sur les frustrations de cette dernière, rendant d’autant plus compliquée l’identification de l’ennemi.

Cette nouvelle configuration rend la lutte complexe car il s’agira pour les forces de sécurité de “combattre nos propres concitoyens”, souligne le commandant de l’USIGN. Il devient dès lors impératif pour les forces de défense et de sécurité de gagner la confiance de ces populations.

Cette pacification d’un pan non négligeable du territoire burkinabé doit se faire aussi à travers le dialogue.

Dans un discours prononcé le 1er avril dernier, le chef de l’État, le Lieutenant colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba a accepté le principe de discuter avec les groupes armés locaux en “rupture de dialogue avec la nation”. Le nouvel homme fort du pays des hommes intègres a annoncé la création de comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix. Mercredi 13 avril, la coordination nationale des comités locaux de dialogue avec les groupes armés terroristes a été mise en place. Cependant, le ministre de la Cohésion nationale a précisé que le dialogue ne sera pas entre l’État et les individus radicalisés, mais plutôt un exercice dévolu aux acteurs locaux. 

𝗗𝗮𝗸𝗮𝗿𝗮𝗰𝘁𝘂

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