Si Macky coupait le son à ses laudateurs pour essayer de comprendre le langage des signes, c’est assurément un Grand Bâtisseur qui sortirait par la grande porte…
Il me semble déjà entendre « bann bâtisseur ? Quel bâtisseur ? », Mais avant de lui ou vous répondre, laissez-moi d’abord lancer une alerte sur ces flagorneurs qui pourraient pousser à un homme à des actes le menant demain à sortir par la fenêtre. Si le peuple fatigué exprime sa colère, si des jeunes sont prêts à essuyer des tirs ou migrer par milliers au péril de leur vie, ils lui parleront faits anodins, mineurs ou de manipulation de l’opinion. Mais demain s’il est forcé de quitter le perchoir, ils seront au premier rang de ses détracteurs pour nous rabâcher les oreilles avec des « pourtant un jour, je lui avais dit que… »
« Tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute » nous enseigne l’adage. Et si demain encore, on pouvait nous livrer le « budget de fonctionnement » de ces applaudisseurs et vendeurs d’illusion, les cardiologues en seront surmenés.
Pour une sortie honorable à l’image de ses prédécesseurs
A Macky de leur couper le son pour la stabilité du pays et une sortie honorable.
Oui, honorable à l’image de ses prédécesseurs, qui même s’ils ont connu des émeutes et des lots de morts ont su raison garder. Abdou Diouf tout comme Abdoulaye Wade ont compris le langage des signes et reconnu la volonté du peuple.
Le premier, coupant le son aux faucons, n’a reçu personne dans la soirée annonçant sa défaite, ne faisant confiance qu’au général Seck, un homme digne, intègre et sans parti pris, chargé des élections. A l’annonce de sa défaite, il a eu la hauteur d’appeler Wade pour le féliciter.
Après deux mandats, Wade l’homme qui à ses débuts se déplaçait même à pied à travers certaines rues de la capitale, en fin de règne faisait face à la colère du peuple.
Vous vous souvenez des émeutes de l’électricité et certains bureaux de la Senelec vandalisés ? De l’école sénégalaise qui a frôlé une année blanche ? D’un homme devenu président de l’assemblée nationale avec sa fameuse lettre et sa pierre en main, pour lui dire non ?
Le soir des élections présidentielles de 2012, certains des faucons de Wade qui sont aujourd’hui dans le camp de Macky avaient envahi des rédactions (par téléphone) annonçant sa victoire dès le premier tour. Mais face à la prudence, à la rigueur et au professionnalisme des directeurs de publication, le « coup d’état électoral » n’est pas passé. Et surprise, au second tour, c’est un homme qui avoue « qu’il ne s’y attendait pas cette année » que les Sénégalais ont élu.
Pourquoi parler d’un grand bâtisseur ?
De toi mon frère que j’entends dire avec ton visage renfrogné « Bann bâtisseur ? Quel bâtisseur ? », loin de m’en offusquer, je décèle aussi un langage des signes. Sans être trop affirmatif, je vois en toi un homme confronté, voire même surmené par la cherté de la vie avec cette flambée des prix des denrées de première nécessité.
Ou bien est-ce toi l’homme au fils diplômé supérieur, chômeur ou en stage éternel ne ramenant que des miettes à la maison qui parle ? Es-tu le porte-parole des Sénégalais écœurés de nos politiciens, ceux qui en précarité depuis des décennies ne réunissent toujours pas à joindre les deux bouts ! Non ?
Ah, d’accord, donc t’es un opposant radical, voire même un négativiste alors…
Aux premiers, je dis « Oui, je vous comprends » Car une Star internationale et apolitique ayant marqué mon enfance, Bob Marley, nous a appris : « A hungry mob, is an angry mob- une foule affamée est une foule furieuse ».
Oui, il est difficile de comprendre comment nos dirigeants africains, assis sur des trésors immenses, peuvent continuer à tenter de vendre des cailloux ou attendre de l’aumône des occidentaux…
Mais, mon frère, parler ici d’un grand bâtisseur en pensant à Macky, c’est rendre à César qui ce appartient César, car force est de reconnaitre que sur le plan infrastructurel, l’homme dépasse de loin ses devanciers. Même si d’autres me répliqueront aussitôt, parlant de priorité ou en soulevant les failles et faiblesses de son régime, des actes positifs il en a posés…
A son arrivée au pouvoir, avec des délestages qui impactaient non seulement des familles, mais surtout des activités économiques, la menace d’une année blanche qui serait un désastre et une année de perdue pour des milliers d’élèves et étudiants, la cherté de la vie, le chômage et autres, Macky Sall avait des défis à relever.
Une situation, nous avons eu le plaisir de la décrypter avec analystes comme mon frère Mamadou Doumbouya sous le titre « Urgences, priorités et défis d’un régime » pour un quotidien de la place.
Son premier mandat avait apporté beaucoup solutions, et marquait le début de sa vision infrastructurelle, comme les zones économiques spéciales (ZES), Diamniadio et son autre visage, des ponts, des routes et autoroutes changeant le visage d’une partie du pays, le TER qui soulage des milliers de banlieusards, des hôpitaux comme celui de Touba, de nouvelles Universités portant la vison d’un essor économique, les infrastructures sportives, sans oublier la bonne graine semée dans les cités religieuses et lieux de cultes comme les mosquées et la Grande Cathédrale, dont les prières formulées en retour, lui ont valu un sacre inédit dans l’histoire du Sénégal…
Mais n’oublions pas aussi le travail de certains de ses proches comme entre autres, le Maire Sandiara, Serigne Guèye Diop que j’admire avec sa vision révolutionnaire d’une « exode urbaine » pour renverser une tendance qui dure depuis des décennies : l’exode rural. Pari qu’il semble réussir avec l’essor de Sandiara, leur commune
Mais aujourd’hui tout semble au retour et force est de reconnaitre que des travers et injustices, son régime en a connu avec de nombreux dossiers passés « sous le coude », des Directeurs Généraux qui règnent en Empereur, (la dernière bévue est cette dérive choquante de Racine Talla condamnée par le Cored), un autre qui a renvoie une employée qui a osé éternuer devant lui (Si, si ! Ticholi comme on dit en wolof) difficile d’imaginer la famille et les proches de leurs frustrés voter ou applaudir son régime.
Mais pour revenir à Macky, force est de lui reconnaitre le mérite d’un Grand Bâtisseur et ce qui me fait même déraper jusqu’à dire que les prières de nos guides religieux, musulmans et chrétiens lui ont valu une marque indélébile et historique : Etre le premier président du Sénégal « couronné » du titre de Champion d’Afrique des nations de football. Prions qu’il passe ce « virus » à d’autres…Ce sacre avait fédéré toute une nation, pouvoir, opposition, personnes aisées et « bodio, bodio » ont partagé le même plaisir, la même liesse. Malheureusement d’autres lui transformeront cet élan en côte de popularité toujours grandissante…
Mais parlons maintenant du langage des signes…
En atmosphère de fin de règne, comme annoncé à l’entame, le président Abdoulaye Wade faisait face à de nombreuses urgences. Le secteur éducatif en crise, la cherté de la vie, la crise de l’électricité avec le saccage de quelques bureaux de la Senelec, son vœu d’un troisième mandat pour le léguer à son fils qui heurte…
Mais presque impuissant face à un peuple irrité par sa volonté affichée ou cachée de déléguer le pouvoir à son fils, il vit un bloc déterminé à lui face, dans lequel une figure marquante de la scène politique sénégalaise : une haute personnalité face à l’assemblée nationale, tenant une grosse pierre dans sa main. A ce mouvement, le peuple adhère largement. Après une reculade du président sortant, un homme victime d’une injustice flagrante que le peuple a déploré et combattu, sera choisi président devant des ténors de l’arène politique du pays comme le regretté Tanor, Niasse Idy Seck. L’autre qui tenait une pierre dans sa main sera la deuxième personnalité du pays, président de l’Assemblée Nationale. Cette situation est de retour…
…Cherté de la vie, Troisième mandat, Injustice
Ironie du sort, dans sa lettre « J’ai choisi l’espoir », entre autres griefs reprochés à Wade, une phrase de Moustapha sort du lot : « Le mandat présidentiel doit être limité à deux et pour cinq ans. Ce qu’un Chef d’Etat n’a pu réaliser en dix ans, il ne pourra jamais le réaliser en vingt ou trente ans »
Autre signe, le défunt Tanor, paix à son âme, avait affiché en 2012 un slogan accrocheur, du moins pour moi : « Restaurer les valeurs ». Pourtant c’est une perte des valeurs qui est notée depuis l’entame du deuxième Mandat de Macky, avec un lot de meurtres trop facile, des personnalités impliquées dans des scandales (faux billets, passeports diplomatiques), mais tout aussi répugnant, des traitres reçus au palais et même nommés à des postes de conseiller, son insulteur aujourd’hui aux soldes du régime qu’on a vu tout sourire avec notre président, sans oublier une homosexualité galopante, étalée presque au quotidien dans les journaux.
D’où les accusations, à tort ou à raison, seront portées sur son régime, avec la promotion de l’homosexualité dont Joe Biden avait promis des sanctions économiques contre les pays récalcitrants. Force est reconnaitre que c’est ce qui a valu aussi des points à l’opposition, dans un pays à 99% croyant et dont les religions l’interdisent.
A cela s’ajoutent des délestages certes moins lords, mais qui reviennent. La crise de l’eau l’avait accueilli le poussant à engager l’Etat à payer la facture des consommateurs en cette période, une crise qui semble vouloir le raccompagner et jalonne le quotidien des Sénégalais avec les grèves et pannes à fréquence…Langage des signes
… Un fait banal, mais perçu comme un signe du destin
A ce rappel des faits, certains ne manqueront pas de dire : « Vraiment, le ridicule ne tue pas ! » Mais victime d’un licenciement jugé abusif par le tribunal du travail, et qu’il sentait venir, un (aujourd’hui ancien) journaliste du quotidien « Le Soleil » dont j’oublie le nom, avait écrit une lettre ouverte au Président Macky Sall qui, battant campagne en 2012, avait promis de combattre toute forme d’injustice. Dans sa lettre, il lui avait rappelé cette promesse, tout parlant de façon diplomatique « d’un malentendu entre lui, Ndiaye, un petit homme d’affaire devenu célèbre multimilliardaire, et Yakham Mbaye le DG du Soleil ».
Non seulement Macky a oublié cette promesse électorale, (ce qui donne raison à l’autre qui disait que les promesses d’un politicien n’engagent que ceux qui y croient), mais cerise amer sur le gâteau, ce journaliste-sénégalais-lambda a été convoqué à la Section de recherche des pandores. Comme avec la gendarmerie on ne rit pas, le journaliste bodio bodio a failli être placé sous mandat de dépôt pour « harcèlement, menaces et on ne sait quoi… », alors que diplomatiquement il parlait d’un « malentendu ».
Grâce à la médiation de son avocat et un jeune patron de presse, très humble qui ne veut pas être cité, il a recouvert la liberté en début de cette soirée qui l’a aigri contre le pouvoir…
D’accord, mais où est le langage du signe ? Me dira-ton…
Ma remarque est que moins d’un mois après, comme pour dire à Macky « tu pouvais au moins lui accorder le bénéfice du doute et l’écouter », le building administratif faisant face au Palais Présidentiel a pris feu, ravivant des polémiques…
C’est un langage des signes, car l’injustice, DIEU L’OMNIPOTENT, Détenteur du pouvoir éternel se l’ait interdite.
…Signe extérieur du langage des signes, Macron son modèle
Autre signe, mais extérieur de ce langage, même né après les indépendances, force est de reconnaitre de Macky Sall a une vision trop collée à l’occident. Dès son élection, son premier voyage a été dédié au président français Sarkozy, dont on craignait même qu’il lui passe le « virus du mandat unique ». A sa chute, il fut parmi les premiers africains à rendre visite à Hollande son successeur. Aujourd’hui Macron est comme son frère jumeau, son modèle, même dans leurs stratégies, car le président français, ce n’est qu’à quelques semaines de la campagne qu’il a annoncé sa candidature à la présidentielle pour être réélu.
Mais aux élections législatives, la majorité est revenue à l’opposition, lui imposant une cohabitation. Un langage des signes…
Rendre grâce au TOUT PUISSANT, un signe venant d’un guide religieux
De ce que j’interprète comme un langage des signes me vient en mémoire deux « adieux » de ces prédécesseurs issus de Touba. Pour Abdou Douf, les images me sont floues en mémoire, mais il a reçu d’un khalife Le Saint Coran (je ne sais plus si c’est avec une natte de prière ou non) et de fortes recommandations pour un retour à la dévotion, à la foi en DIEU.
Abdoulaye Wade aussi en fin de pouvoir ou de règne, c’est selon, une natte de prière et le Livre Saint lui ont été remis d’un khalife à quelques mois de sa retraite. Récemment Macky lors de sa dernière chez le khalife actuel des mourides a reçu Le Saint Coran et de fortes recommandations…le langage des signes car « Jamais deux sans trois », commente un adage…
« O fogn, fogn, fogn…té wathia thia… » autre signe
A son premier mandat, adressé au camp d’en face, un slogan issu d’un adage de « l’ethnie royale Sérère » accompagnait souvent Macky dans ses inaugurations et réussites : « O fogn Ngor, Roog a dob na koloum ! O fogn, fogn, fogn té wathia thia ! ».
Que signifie ce slogan ou cet adage qui avait le mérite de raviver un trésor, un patrimoine du Sénégal, le cousinage à plaisanterie, mais aussi de détendre et faire sourire plus d’un ?
Cet adage nous dit « O fogn Ngor, Roog a dob na koloum -Tu as beau détesté Ngor, mais cela ne saurait empêcher pas la pluie de se déverser sur son champ. O fogn, fogn, fogn té wathia thia ! Mais plus tu le détestes, plus cette pluie se transforme en averses ! »
Abandonné par Macky Sall, ce slogan non seulement est remplacé par la Covid et d’autres embuches pour ses projets, mais aujourd’hui « O fogn, fogn, fogn…té wathia thia… » semble plus coller à l’opposition qu’il voulait réduire à sa plus simple expression, mais surtout à Ousmane Sonko et les antis Benno…
Pour terminer cette longue tirade, comme à ma réaction suite aux sorties de « mon ami » Yakham Mbaye (que je salue au passage. Et déroutant même mes frères du « Soleil » arrosés hier de grenades lacrymogènes, pour rendre aussi à César ce qui à César, je lui reconnais le mérite des déséquilibres qu’il avait corrigés et d’avoir tiré des travailleurs de la précarité, avant que le pouvoir ne le rende totalement ivre), à Macky Sall je rappelle cet extrait d’une lettre de Serigne Touba Mbacké Khadimou Rassoul adressée à Samba Laobé, un défunt nouveau roi, lettre qui colle plus que jamais à nos gouvernants actuels et futurs
« Sache que le pouvoir que tu détiens actuellement en ce monde ne t’est parvenu qu’après avoir été soustrait des mains d’autres rois comme toi qui t’ont précédé. Et qu’un jour viendra où ce même pouvoir te sera repris des mains pour être cédé à d’autres rois qui te succéderont.
Donc s’il arrive certains jours où la vie te semble favorable et t’assiste contre tes adversaires, sache qu’il en sera d’autres où elle favorisera tes adversaires contre toi.
Et si quelques fois elle t’a fait rire, quelques fois aussi elle te fera pleurer. Que donc la joie qu’elle t’inspire ne t’abuse pas car ce monde est, par nature, trompeur et fourbe. Il arrive souvent qu’il se retourne brutalement contre toi pour te leurrer et te faire tomber dans son piège. »
Cette contribution, en toi qui l’as lue du début à la fin, je décèle les signes d’un être patient et farouchement à la quête du savoir, mais je sais aussi que tu as détecté en moi le signe d’un homme légèrement taquin et mais qui parle trop. J’ai failli te répondre « Ya kham ! », mais comme j’ai peur des lacrymogènes de nos gendarmes….
Laissons tomber, mais ensemble prions pour une stabilité à durée indéterminée pour notre cher Sénégal
Fara Michel Dièye
Journaliste
Sénégalais Lambda… dieyemichel@gmail.com