Moscou évoque un accident survenu sur l’aérodrome, mais plusieurs experts internationaux pointent des incohérences. La thèse d’une frappe n’est pas écartée par les experts, même s’il reste à identifier l’armement potentiellement concerné.
Le Pentagone américain a assuré ne pas avoir d’informations sur la cause des récentes explosions sur une base russe en Crimée, dont l’annexion par la Russie, en 2014, n’a pas été reconnue par le communauté internationale. « Nous n’avons rien qui indique s’il y a eu un lancement de missile ou non, je ne peux pas dire s’il y a eu du sabotage ou non », a déclaré à la presse un haut responsable militaire américain, vendredi 13 août.
L’aéroport militaire russe de Saki a été fortement endommagé, mardi, par une série d’explosions présentées comme accidentelles par Moscou, mais que les experts attribuent à une attaque des forces ukrainiennes. Kiev n’a pas revendiqué cette attaque et les multiples explosions, filmées par des témoins qui ont ensuite posté des vidéos sur les réseaux sociaux, restent inexpliquées.
« Ce que je peux vous dire, c’est que ce n’était pas une frappe d’ATACMS, parce que nous ne leur avons pas donné d’ATACMS », a ajouté ce haut gradé ayant requis l’anonymat, en référence à des missiles balistiques tactiques d’une portée de 300 km, que Kiev tente de convaincre Washington de lui fournir. Compatibles avec les systèmes d’artillerie de précision Himars dont disposent déjà les forces ukrainiennes, ces missiles permettraient à Kiev de frapper des cibles en profondeur en territoire contrôlé par Moscou, ce que les Etats-unis cherchent à éviter de crainte d’une extension du conflit à des pays de l’Otan.
Des dégâts difficiles à évaluer
« Nous ne leur avons rien fourni qui leur permette ou qui les aide à frapper la Crimée », a noté le haut responsable militaire. Il a cependant souligné que les Etats-Unis ne contrôlaient par l’armée ukrainienne. « Ce que nous voulons que les Ukrainiens fassent, c’est qu’ils se battent contre les Russes comme ils le veulent », a-t-il dit. « Nous leur avons dit dans le passé que nous leur donnions des munitions pour combattre les Russes en Ukraine, a-t-il ajouté. A part ça, c’est une guerre ukrainienne. Ce sont eux qui choisissent les cibles. »
Sans attribuer l’attaque aux forces ukrainiennes, le haut gradé a souligné qu’elle avait un « impact plutôt important » sur l’armée de l’air russe. Les services de renseignement militaire britanniques ont estimé, vendredi, qu’au moins cinq chasseurs-bombardiers russes Su-24 et trois appareils multirôles SU-30 avaient été détruits ou fortement endommagés, mais que la piste d’atterrissage restait « probablement » utilisable. « Saki était principalement une base destinée aux appareils de la flotte russe de la mer Noire, a tweeté le renseignement militaire. Les capacités aéronavales de la flotte sont maintenant fortement diminuées. »
France Info