Quatorze personnes originaires d’Afrique subsaharienne sont mortes noyées au large des côtes tunisiennes, ont annoncé jeudi les garde-côtes. Cinquante-quatre migrants ont quant à eux été secourus par les autorités.
Deux embarcation ont coulé au large de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, mardi 7 et mercredi 8 mars. Les autorités tunisiennes « ont repêché 14 corps de migrants et secouru 54 autres » après deux naufrages, a indiqué le porte-parole des garde-côtes sur sa page Facebook. Les exilés retrouvés morts étaient originaires d’Afrique subsaharienne.
Selon la même source, les garde-côtes ont déjoué au total 14 tentatives de traversées maritimes illégales dans la nuit de mercredi à jeudi. Ils ont également « secouru » 435 migrants, dont 426 originaires d’Afrique subsaharienne, au large des côtes de la Tunisie.
Le porte-parole a affirmé que la Garde nationale s’efforçait de lutter « contre les bandes impliquées dans l’organisation des opérations d’immigration clandestine », qui mettent les migrants sur « les bateaux de la mort ».
Recrudescence des agressions
Ce naufrage intervient au moment où de nombreux migrants africains cherchent à quitter la Tunisie après des propos du président tunisien Kais Saied contre l’immigration clandestine.
Le 21 février, le chef de l’État avait affirmé que la présence dans le pays de « hordes » d’immigrés illégaux provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crise », et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays.
Après ce discours, condamné par des ONG comme « raciste et haineux », des ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne ont fait état d’une recrudescence d’agressions à leur encontre et se sont précipités par dizaines vers leurs ambassades pour être rapatriés.
Selon des chiffres officiels, la Tunisie compte plus de 21 000 personnes venues d’Afrique subsaharienne, en majorité en situation irrégulière, soit moins de 0,2% d’une population totale d’environ 12 millions de personnes.
Au moins 285 décès en mer depuis janvier
La Tunisie est considérée comme un lieu de transit pour nombre de migrants cherchant à rallier l’Europe via l’Italie. L’île italienne de Lampedusa se trouve à moins de 150 km de certaines portions du littoral tunisien.
La Garde côtière tunisienne avait indiqué fin février que les migrations illégales connaissaient « une forte augmentation » en raison « de l’amélioration des conditions météorologiques ».
Mais la traversée de la Méditerranée centrale n’est pas sans risque. Depuis janvier, au moins 285 personnes – parties de Libye ou de Tunisie – ont perdu la vie dans ces eaux. L’an dernier, 1 403 décès avaient été recensés dans cette zone, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
D’après les données officielles italiennes, plus de 32 000 migrants, dont 18 000 Tunisiens, sont arrivés de manière illégale dans le pays depuis la Tunisie en 2022.
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