Du 18 au 20 octobre 2023, se tiennent à l’université́ Cheikh Anta Diop de Dakar, les Assises Internationales des Médecines traditionnelles sous le thème « Savoirs, défis, recherches et développement des Médecines traditionnelles, aujourd’hui ».
Selon le document de présentation de la rencontre, ces assises ont pour objectif « de faire le point sur les valeurs que ces médecines traditionnelles apportent et d’analyser les progrès réalisés, l’état d’avancement des sciences dans ce domaine et envisager une base de collaboration ».
Même s’il faut se réjouir de la tenue de cette rencontre, force est de reconnaitre qu’en étudiant de près la thématique et en regardant attentivement le programme des trois (03) jours, le premier constat fait, c’est l’absence incompréhensible et inexplicable d’acteurs de la médecine traditionnelle que sont notamment les praticiens de la médecine traditionnelle (PMT), les experts et responsables locaux qui s’investissent dans la promotion des connaissances médicales traditionnelles. Cette approche élitiste semble vouloir confiner la médecine traditionnelle dans des sphères académiques. Par quelle pirouette de logique structurelle peut-on envisager une collaboration avec les authentiques intervenants d’un secteur d’activités, tout en les mettant à l’écart à propos des délibérations ayant trait aux valeurs inhérentes à leurs compétences.
Vouloir débattre et réfléchir sur la médecine traditionnelle sans les PMT, dénote d’un manque criard de respect et de considération envers ces derniers qui constituent un enjeu majeur pour faire face aux défis sanitaires de notre continent.
Au moment où notre pays souffre d’une absence de cadre juridique et législatif relatif à l’exercice et à la pratique de la médecine traditionnelle, contrairement à la majorité́ des pays africains, nous trouvons à la fois illogique et indécent, que ceux qui sont à la base de cette situation, puissent se substituer aux PMT, experts et responsables locaux. et parler en leur nom. La médecine traditionnelle, c’est à dire notre patrimoine thérapeutique, doit mériter de nos compatriotes, beaucoup plus d’égard, d’estime et d’attention. Il faut la protéger et la préserver et ne pas la laisser aux mains de lobbies qui nous imposent un agenda.
Par ailleurs, la cérémonie officielle s’est illustrée par l’absence du Ministère de la Santé et de l’Action sociale et de tout autre officiel du Département en charge de la médecine traditionnelle. Ceci pose un problème d’élégance républicaine, diplomatique, administrative et protocolaire. Il aurait même été souhaitable que la Présidence de la République ou la Primature pilote cette rencontre afin de renforcer l’ancrage institutionnel des problématiques ayant trait à la médecine traditionnelle.
Le relèvement des défis sanitaires du continent invite à mettre en œuvre une synergie soucieuse au premier chef, d’articuler la recherche moderne à l’expertise locale dépositaire de solutions endogènes qui privilégient une souveraineté́ dans la quête du bien-être sanitaire de nos populations.
Fait à Dakar, le 19 Octobre 2023.
Ont signé :
- Monsieur Alioune Aw, ancien Coordinateur de la Cellule de Médecine Traditionnelle au Ministère de la Santé et de l’Action sociale.
-Dr Mohamed Ly, Médecin de Santé publique.
-Mr Charles Katy, Expert OOAS Médecine Traditionnelle.