La lecture d’un article de presse le 02 novembre 2018, lorsqu’un sénégalais, exsangue d’espoir s’est aspergé d’essence et craqué une allumette pour mettre fin à ses souffrances a été selon l’auteur le déclic qui l’a poussé à écrire les premiers vers de ce recueil.
Ce recueil de poèmes de Abdel Kader Ndiaye est une quête de bonheur dans un monde déshumanisé. Déjà, dans son second recueil (frappez le balafon), l’auteur expliquait qu’il n’est pas envisageable d’être heureux tout seul dans son coin pendant que les autres africains meurent de faim ou de mercantilisassions diverses. En fait, dans sa conception, la justice est la clé de voûte de toute société humaine. Pour lui, sans une justice équitable, l’impunité, le passe-droit et toutes les inégalités feraient légions. Et peu importe : la crainte, l’amour, le respect que l’on se porte mutuellement, il arrive un jour où la révolte est inéluctable. Ce jour fatidique, on verra : un groupe, une famille, un clan, une ethnie, un groupe religieux, peu importe la composition, l’âge ou le sexe ; ce jour là, ce groupe organisera une révolte qui renversera l’ordre établi, le pouvoir, l’autorité, la croyance basée sur l’inégalité, l’abus ou, une forme d’injustice. «C’est de cela que nous ne voulons pas pour notre beau pays le Sénégal», dit-il.
D’après Abdel Kader Ndiaye, «L’histoire de l’humanité est une fresque sanglante qui relate la cupidité de l’Homme au fil des siècles. Il a toujours convoité des terres qui ne lui appartiennent pas car elles regorgent de ressources qu’il veut s’approprier. C’est ce qui explique la colonisation, l’impérialisme, et les guerres de domination».
Et le poète d’ajouter que dans le Sénégal d’aujourd’hui, il pense que nous manquons de solidarité et nous avons été détachés de nos racines, ce qui fait que nous sommes devenus vulnérables. Sans repères, face à l’adversité, on vendrait son âme au diable. On prendrait des pirogues rafistolées pour un aller simple en enfer. On ferait tous les sacrifices nécessaires pour être riche, pour être «heureux». C’est pourquoi, «Faut-il citer toutes les fois où l’humanité a vacillé dans notre pays au cours de cette dernière décennie ? Faut-il nommer les formes de résilience des populations ? », s’interroge-t-il.
Pour lui, la croyance populaire a tendance à véhiculer l’idée selon laquelle, les Sénégalais ne sont pas de grands travailleurs et passent leur temps à danser. «Ce n’est pas faux. Mais, pour autant, avons-nous besoin d’un super héros pour nous sauver de nous-même ? Je dis non. S’il y a des tares congénitales, on devrait les retrouver dans toutes les sphères: les administrations, le sport, l’art, la loi, l’informel, etc. aucune couche de notre société ne devrait être épargnée. Mais, le mal, aussi profond qu’il soit, ne devrait être incurable. En se remettant en cause, en se tenant les uns aux autres, en donnant le meilleur de soi, peut être que ça irait mieux», argue-t-il.
Il considère que «Peut-être est-il temps de faire notre mea-culpa, pour un début. Commencer la reconstruction de notre société ?» ; avant de finir par expliquer ses profondes motivations «Voyez-vous, je ne suis qu’un modeste infographiste qui essaie de bricoler ses pensées sur des bouts de papiers et des recueils quand l’occasion se présente. Alors, soyez indulgent quand je propose mes rêveries puériles pour une société plus humaine, pour une Afrique unie et un Sénégal de la Teranga».