Impacts sanitaires et environnementaux de l’usine de plomb Ganesha sur les populations de Ndiakhate :

les autorités invitées à examiner le seuil de microgramme

Le Centre de recherche et action sur les droits  économiques sociaux et culturels (CRADESC) demande aux autorités d’examiner le seuil de microgramme de l’usine de plomb Ganesha devenue aujourd’hui EMP/GSS, du nom de son repreneur sénégalais El Hadji Modou Pène, implanté à Ndiakhate, village situé non loin de Pout, dont la population continue de réclamer la délocalisation. Le CRADESC lançait hier, jeudi, en marge d’un atelier de renforcement des capacités des journalistes et influenceurs sur les risques et impacts du plomb au Sénégal.

Définis comme des substances nocives,  les plombs se bio-accumulent dans l’organisme vivant et se bio-persistent dans l’environnement. Autrement dit, ce sont des substances qui, lorsqu’elles sont rejetées au niveau de la nature, demeurent et peuvent contaminer l’organisme, bio-accumulent et à la fin créer des cancers chez les individus. Et lorsque certains niveaux de toxicité de ces substances atteignent les seuils de 1000 microgrammes, la mort survient rapidement. Alors qu’au Sénégal, d’après les résultats des études d’impacts révélé par Pathé Guèye, expert, formateur en environnement et gestion des risques, « La plupart des usines dont Ganesha n’ont pas les capacités techniques pour pouvoir éviter les émissions et les rejets. Parce que dans les études (impact-ndlr), ce qui est recommandé, c’est que l’exploitation soit faite sur un circuit fermé».

D’ailleurs, le coordonnateur du collectif de Ndiakhate contre l’implantation de cette usine, décrivant une situation difficile, souligne avoir constaté que « l’usine de recyclage des batteries de plomb installée depuis plusieurs années à Ndiakhate est en train de causer certains dommages plus particulièrement à la santé des populations, parce qu’on a eu à constater des cas de maladies et d’avortement qui n’existaient pas habituellement dans la localité. Des enfants tombent malades. On ne peut pas directement lier cela à l’usine mais on peut avoir des doutes… ».

C’est fort de ce constat alarmant que le CRADESC par le biais de l’expert en environnement et gestion des risques, Pathé Gueye, invite les autorités à examiner en profondeur les seuils de microgramme et au cas échéant procéder à la fermeture définitive de l’usine : « Nous, le plaidoyer qu’on lance à l’endroit de nos auteurs, c’est véritablement d’examiner cette question de plomb » a-t-il lancé, avant de rappeler le cas qui est survenu au niveau de Thiaroye. Sur cet exemple malheureux, a rappelé M. Gueye, « au départ, il y a certains toujours qui disaient que le recyclage peut se faire, mais il y a d’autres qui avaient dit formellement que ce recyclage pourrait entrainer des impacts sanitaires et la mort d’hommes. Et malheureusement, ceux qui ont dit qu’il y aura mort d’hommes, c’est ceux-là, qui ont eu raison. » D’après lui, dans une pareille situation, « quand ces seuils de 1000 mrg sont atteints, ça s’atteint facilement avec le plomb, de manière automatique et pour rabattre le plomb à un niveau inférieur, c’est très difficile », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre : « nous lançons le plaidoyer à ces autorités parce que les villageois se plaignent car ils constatent que leurs enfants fréquentent ces lieux-là. Nous voudrions véritablement qu’ils regardent ce dossier en profondeur et s’il y a lieu de retirer cette autorisation s’ils examinent que le seuil de 1000 microgrammes est atteint pour que le cas des enfants qui sont décédés à Thiaroye, cet évènement très sombre, ne puisse pas se reproduire aujourd’hui, à Ganesha. »

Pour intensifier davantage son combat contre les usines polluantes, le CRADESC qui a longtemps œuvré dans l’accompagnement de ces communautés victimes des usines polluantes organisé un atelier de renforcement des capacités des journalistes et influenceurs sur les risques et impacts du plomb au Sénégal. Le prétexte, d’après Dr Mamadou Salif Sané, enseignant chercheur en droit public à l’UGB, par ailleurs chargé du programme contentieux et justiciabilité/CRADESC, « C’est qu’on a vu les dangers du plomb qui ont fait énormément de morts. Donc, le CRADESC accompagne depuis quelques années les communautés et plus particulièrement les communautés qui habitent au niveau de Keur Moussa, de Diender, au niveau desquelles, il y a une usine qu’on appelle Ganesha, installée depuis quelques années et qui est en train de dégrader l’environnement au niveau de la zone. Et ces populations ont sollicité l’aide du CRADESC qui les accompagne».

D’ailleurs, rappelle Dr Sané, chargé du programme  Contentieux et Justiciabilité/ CRADESC, « Ce qui fait que l’autorité ministérielle à l’époque avait retiré l’autorisation à la société et on s’est rendu compte que quelque mois plus tard, l’autorité a renouvelé l’autorisation de trois mois pour que la société puisse épuiser son stocks. On a vu que les trois mois sont dépassés et la société continue d’exploiter du plomb au niveau de la zone. On a vu également les mêmes sociétés à Sandiara où il y a une pollution exagérée de la zone. C’est pourquoi le CRADESC a invité un expert environnemental en la matière pour venir expliquer aux journalistes qui sont des porteurs de voix afin que les autorités étatiques puissent savoir ce qui se passe au niveau de ces zones-là, et qu’elles puissent prendre des mesures idoines… »

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